L’indice d’enseignabilité

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Indice enseignabilitéIndice d’Enseignabilité

Qu’est-ce que ça veut dire ?

Ça veut dire que vous devez être enseignable.

Soyez toujours un élève. Ayez toujours l’envie d’apprendre.

Quand on parle d’enseignement, on pense souvent aux professeurs et aux méthodes d’apprentissage qui permettent d’apprendre quelque chose.
Mais on ne parle jamais de l’élève et de ce qu’il est prêt à apprendre.
Quand quelqu’un arrive dans un club, on ne lui demande jamais s’il est prêt à apprendre. C’est dommage. Ce n’est pas parce qu’il a payé sa cotisation, qu’il est forcément prêt. Pour voir s’il a vraiment un haut indice d’enseignabilité, il faudrait, lui montrer ce qu’il va avoir à apprendre.

Deux qualités nécessaires

Pour avoir un indice d’enseignabilité assez haut, il faut avoir deux choses :

  1. le désir profond d’apprendre
  2. la volonté d’accepter le changement

Laissez-moi vous expliquer un petit peu plus.
Vous désirez profondément apprendre mais ce n’est pas le tout d’avoir un objectif.
Il y a différentes manières de le présenter.
Si on vous avait dit, quand vous êtes arrivé dans votre club de Karaté :

« Regarde, le gars là-bas, il vient de passer sa ceinture noire, ça fait à peu près cinq ans qu’il s’entraîne et il vient de passer sa ceinture noire. Est-ce que tu voudrais avoir cette ceinture noire ?  »
Vous auriez sans doute dit : « Ouais, je veux, ouais… »

Mais, vous auriez pu entendre une autre version :

« Il vient d’avoir sa ceinture noire, ça fait cinq ans qu’il s’entraîne, il vient trois fois par semaine, il s’entraîne aussi à la maison, il a beaucoup travaillé, etc. Est-ce que tu voudrais faire comme lui ? » « Trois fois par semaine ? … Ouais… »

C’est ça, la volonté d’apprendre mais ce n’est pas tout..
Vous avez un objectif qui est ambitieux puisque vous voulez être ceinture noire. Mais ça ne suffit pas d’avoir cet objectif, il faut aussi avoir la volonté d’en payer le prix.
Qu’est-ce que vous devez donner en échange pour atteindre ce niveau ?
Vous devez donner de la sueur, des larmes, du temps et vous avez obligation de vous entraîner pour atteindre cet objectif.
Et ça, ce n’est jamais demandé aux élèves qui arrivent en club.
Vous n’êtes pas obligé de penser tout de suite à la ceinture noire. Allez-y ceinture par ceinture. Donnez-vous des objectifs en vous disant:
« Voilà ce que tu as à apprendre, est-ce que tu as vraiment envie d’y arriver ? »
« Tu t’engages ?  »
« As-tu vraiment la volonté d’apprendre ? »
« Ouais, je veux apprendre. Pas de souci. »
La volonté d’apprendre, c’est ça.
Ensuite, il y a la volonté d’accepter le changement.
Quand vous vous entraînez, vous devez accepter de sortir de votre zone de confort. Pour apprendre le Karaté, vous devez admettre qu’il y a plein de choses qu’il va falloir que vous changiez dans votre vie. Il y a des moments où vous aurez des courbatures. Il y a des fois où il va falloir que vous alliez au-delà de vos limites pour être à votre capacité maximale. Pour dépasser ça, vous allez devoir surmonter vos peurs pour, par exemple, présenter un Kata devant tout le monde. Il faut que vous alliez au-delà pour que vous acceptiez les changements.
Vous devrez modifier certaines choses que vous avez l’habitude de faire ; certaines émotions que vous avez l’habitude d’avoir.
Une fois que vous avez ces deux valeurs-là : la volonté d’apprendre et la volonté d’accepter le changement, vous êtes prêt à recevoir les enseignements.
Et ces deux choses-là, il faut les garder tout le temps. Même si quelqu’un est sixième, septième ou huitième dan, il doit garder en permanence cette volonté d’apprendre, parce qu’il y a toujours à de nouvelles choses à connaître.

Revoyez vos pratiques

Un exemple personnel avec mes Katas. Avant, je tournais toujours sur la pointe des pieds. Maintenant, j’ai appris à tourner sur les talons. Au départ, ça m’a perturbé. Et puis, je me suis rendu compte que j’avais beaucoup plus de puissance en tournant sur les talons et j’évitais de faire « Nigé ».
Même quand vous avez appris quelque chose et que vous avez des certitudes, il ne faut pas vous dire : « c’est bon, moi je sais, je n’ai pas besoin, non, je sais. » Ce n’est pas vrai. A partir du moment où vous dites : « je sais », votre indice d’enseignabilité retombe à zéro. Vous devez vous dire, en permanence : « Apprends, apprends !  »

L’exemple d’un Maître

Maître Funakoshi, quand il était très âgé, travaillait encore énormément ses Taikyoku et pourtant, il devait les connaître. Pourquoi les revoir ? Il continuait de travailler parce qu’il avait encore à apprendre sur les Taikyoku. Un peu avant sa mort, il faisant des Zuki, dans un Makiwara et a dit : « Waouh, ça y est, je commence à ressentir mon Zuki. »
C’était Maître Funakoshi, et pour lui, il commençait à ressentir son Zuki. On a beaucoup à apprendre. Donc, quel que soit votre niveau, soyez toujours avec cette esprit d’un écolier qui dit :  » ouais, moi je veux apprendre, je veux, je veux ! »

Votre détermination fera la différence

C’est en y croyant, en ayant vraiment cette envie d’apprendre et en songeant à toutes les choses que vous ne savez pas, que vous progresserez. Vous avez appris des techniques et il y a certains concepts que vous avez compris. C’est à peu près clair pour vous mais vous avez encore certainement plein de choses à apprendre. Ce que vous connaissez n’est que la partie visible de  l’iceberg.
Soyez toujours avec cet esprit ouvert. Quand vous avez des connaissances, ne vous dites pas que c’est acquis et que vous, vous savez. Donc, vous ne savez rien ou plutôt, vous ne savez que ce qu’on vous a appris et que ce que vous avez vu. Tout ce qui est autour, vous ne l’avez pas encore appris, vous ne l’avez pas encore vu, vous ne savez pas.
Soyez toujours comme ça: volonté d’apprendre et d’accepter le changement.
Votre indice d’enseignabilité, c’est hyper important.

En pensant à être aussi votre propre professeur, vous avancerez plus vite.
Ayez cette petite voix dans votre tête qui vous dit : « Hey, tu n’en sais pas assez. Allez, on continue à apprendre ! »

Essayez de réfléchir à ça et soyez toujours dans cette optique de toujours apprendre.
En conclusion: progressez et changez s’il le faut.

Je vous ai préparé une vidéo dans laquelle je vous parle de l’importance de l’indice d’enseignabilité.

J’espère que ces conseils vont vous aider à mieux retenir vos cours de karaté.
Comme d’habitude, je serai ravis de lire vos commentaires et de vous répondre.

A très bientôt

Bruno

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8 commentaires

  1. L’apprenant ne sait pas vraiment ce qu’il cherche ni comment l’obtenir.
    Les préjugés sur le prof idéal ne l’aide guère. Combien vont vouloir s’entrainer chez un champion qui fait de la sélection et pas de la formation ?
    Cela est illustré par une histoire de Mullah Nasredin Hodja un jour qu’on le surpris en train de chercher ses clés sous un réverbère. Un passant lui proposa de l’aider et lui demanda où il avait perdu ses clés. Il répondit : près de la taverne.
    Le passant : mais alors pourquoi vous chercher ici ?
    Le Mullah répondit : parce qu’ici c’est éclairé…là-bas on n’y voit rien…

  2. bonjour,
    j’aimerai pouvoir entendre ce que tu expliques à chaque instant pour toujours avoir l’esprit suffisamment ouvert pour être en capacité d’apprendre réellement, et de faire preuve de plus d’humilité lorsque je crois savoir un peu.
    Malgré tout, il faut aussi que l’enseignant donne cette envie.
    « En pensant à être aussi votre propre professeur, vous avancerez plus vite. »: je veux bien y croire mais faudrait-il encore donner les indications pour avoir le mouvement juste, pour connaître le but vers quoi on tend.
    Je débute le karaté , je suis qui s’investit mais quand j’ai à peine une correction par cours, je suis pas sûre de progresser très vite même en augmentant mon indice d’enseignabilité.
    merci en tout cas pour cette très belle explication.
    Sportivement

    • Bonjour Flo,
      Si tu prends la peine de rester concentré sur la correction que t’indique ton professeur et que tu fais en sorte de ne plus la faire, tu progresseras plus vite que si tu avais 15 corrections par cours et que tu ne saches plus quoi corriger. Tu comprends.
      Tu dois avancer marche par marche. Tu es au pied d’une montagne, ce n’est pas grave si tu ne vois pas encore le sommet. Avance, étape par étape et avec persévérance, c’est ça la voie du budoka.
      Amicalement,
      Bruno

  3. Bonjour Bruno,
    Pratiquant depuis 2000, j’ai suivi quelques formations : le DAF puis le DIF . J’avoue que cette vidéo me fait voir ce sport sous un angle qui me plait simplement parce que j »ai l’impression de ne rien savoir . Je veux dire que ma motivation est d’être à l’affut de tout enseignement en pratique comme en théorie et par n’importe qui de compètent . J’ai 68 ans et je veux encore progresser .
    Bien cordialement
    Claude

  4. salut Bruno,
    cet indice d’enseignabilité ,sujet de votre vidéo,est un sujet qui m’interesse aussi dans mon métier d’ensignant(éducation).Effectivement,l’enseignant est l’eternel étudiant;l’élève aussi ne pourrait comprendre mieux ce qu’il apprend que lorsqu’il joue le maitre.Cet indice englobe la volonté et la modestie dans l’apprentissage.Merci pour tout!

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